Georges Bohas, L’illusion de l’arbitraire du signe, « Rivages linguistiques »,
Presses Universitaires de Rennes, 2016, 120 pages, ISBN 978-2-7535-5042-1.
L’anthropologue Alain Testart, défenseur et épistémologue des sciences sociales, avait affirmé, au détour d’une phrase, que la linguistique n’était pas une science sociale. Ayant pris ses distances avec l’anthropologie structuraliste pour remettre sur le métier la notion d’évolution, il voyait en effet la possibilité simple et naturelle d’établir des arbres phylogénétiques en linguistique comme en biologie. Mais, comme il le rappelait lui-même, il ne s’agit là que de linguistique historique. Que la linguistique puisse ne pas être une science sociale demanderait d’autres prolongements car, bien que l’on puisse penser cette discipline comme étant au carrefour des sciences dures et des sciences « molles », il semble impossible de nier son caractère social : une langue est nécessairement le produit d’une société. Malgré cette évidence, le petit ouvrage du linguiste Georges Bohas nous montre qu’une langue est aussi et avant tout physique. Dans sa conclusion, les liens directs qu’il suggère entre linguistique et sciences cognitives sont, de fait, irrécusables.